Présentation détaillée du projet

DOUBLE VERDICT : Non-lieu après la mort d’Ali Ziri et censure financière du film Qui a tué Ali Ziri ?

 

Le 11 juin 2009, Areski Kerfali, 61 ans et Ali Ziri, 69 ans sont interpellés par la police nationale d’Argenteuil, lors d’un contrôle routier. Ali Ziri quitte le commissariat dans le coma et décède à l’hôpital deux jours plus tard. L’explication donnée par la police et le procureur est : « décès suite à une malformation cardiaque ». Deux semaines après les faits, le juge d’instruction classe l’affaire sans suite. Un collectif d’habitants d’Argenteuil, Vérité et justice pour Ali Ziri se mobilise pour exiger une contre-expertise. L’autopsie révèle alors 27 hématomes et la mort par asphyxie suite à l’utilisation d’une technique d’immobilisation interdite depuis 2003.

 

Durant cinq années, le cinéaste Luc Decaster a filmé le combat de tous ceux qui refusent le procès bâclé, après cette mort que certains considèrent comme un lynchage.

 

Autopsielecomte-1422520797Relevé des hématomes au cours de la contre-autopsie du corps d’Ali Ziri, menée en juillet 2009 par Dominique Lecomte, directrice de l’institut médico-légal du quai de la Rapée à Paris.

 

Pourquoi ce film ?

La recherche et le questionnement autour des conditions de la mort de cet homme sont à l’origine du film. Trop de questions subsistent, alors que trois juges d’instruction se sont succédé sur le dossier :

Pourquoi les juges refusent-ils de faire une reconstitution des faits ?

Pourquoi refusent-ils de visionner l’enregistrement de la caméra de surveillance du commissariat ?

Pourquoi refusent-ils d’auditionner les témoins civils présents au commissariat ce soir-là ?

 

LES POLICIERS SONT-ILS AU DESSUS DES LOIS ?

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La police empêche le collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri de se rendre à l’inauguration, par Manuel Valls, d’une statue à la mémoire de Jean Moulin, à Argenteuil.

 

Malheureusement un tel cas n’est pas isolé en France. Chaque année, on relève 10 à 15 cas de décès à la suite de violences policières. Comme dans le cas d’Ali Ziri, la justice balaye ces affaires en prononçant des non-lieux, innocentant les policiers qui restent en fonction.

 

Derrière ces injustices, c’est le racisme qui est à l’oeuvre : les visages et les noms des personnes victimes de ces violences en témoignent.

Les images de la télévision ou du cinéma semblent ignorer ces histoires scandaleuses. Ce témoignage précieux sur l’affaire Ali Ziri permettra de sensibiliser des spectateurs non avertis. Il pourra servir d’appui à tous ceux qui s’indignent de cette justice particulière lorsque des policiers sont en cause.

 

Le film, un long métrage de 90 minutes

 

Au-delà du traitement d’une affaire de justice, le réalisateur s’attache à représenter ce qu’une telle affaire suscite à l’intérieur d’une ville de banlieue ordinaire. Il a filmé les nombreuses actions dans la rue, les réunions internes du collectif Vérité et justice pour Ali Ziri, ainsi que les longues discussions avec les avocats, dans les halls des palais de justice. Au fil de la dramaturgie du film, se révèlent de vraies personnalités. Leurs échanges nous font mieux comprendre les incohérences et les insuffisances de la justice française lorsque des policiers sont mis en cause,

À travers ce film, d’autres affaires aussi scandaleuses en France sont évoquées :

Amine Bentounsi, abattu d’une balle dans le dos

Lamine Dieng mort étouffé dans un fourgon de police

Abdelakim Ajimi mort étouffé par plusieurs policiers

Abou Bakari Tandia mort des suites de sa garde-à-vue

Zyed Benna et Bouna Traoré morts électrocutés dans le transformateur où ils s’étaient réfugiés pour échapper à la police.

…la liste est longue de ces morts, dits « de minorités visibles ».

 

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Lors d’une manifestation pour Ali Ziri, Walid Klay prend la parole pour témoigner au nom d’Abdelhakim Ajimi, jeune homme de 20 ans mort asphyxié par des policiers en 2008. A droite, le père d’Abdelhakim, silencieux.

 

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Le film est une ouverture à la réflexion sur les rapports entre la justice et la police en France, comme aux Etats-Unis suite au meurtre de Mickaël Brown à Ferguson.

Pour en savoir plus :

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L’équipe du film:

Luc Decaster, le réalisateur :

Cinéaste depuis plus de vingt ans, il réalise des films sur des sujets qui le touchent : « Le désir de filmer m’arrive avec la vie, le film s’impose à elle ».

Lutte ouvrière, grève de personnes sans papiers, Luc Decaster fait toujours des films en lien avec les luttes sociales dans lesquelles il s’implique. « Mon désir est de réussir à montrer la complexité, les divergences, sans langue de bois, tout en étant très proche de ceux qui sont filmés dans leur quotidien ». Avec Qui a tué Ali Ziri ? , il s’insurge contre les violences policières et leur impunité. Si Luc Decaster est un cinéaste engagé, c’est tout autant dans les sujets qu’il traite, que dans sa manière de filmer. Ses films travaillent le temps, comme une matière.

Qui a tué Ali Ziri en est un exemple, avec un tournage qui s’est étalé sur cinq ans et, loin du formatage, un grand nombre de plans séquences, représentations de temps réels. Après avoir réalisé des films qui sont passés à la télévision, face au formatage de plus en plus contraignant, c’est vers le cinéma qu’il s’est tourné, avec le grand écran et la possibilité de rencontres avec le public. Luc Decaster veut réaliser des films libres. Et les films libres sont de moins en moins financés.

Filmographie non exhaustive : Rêve d’usine, Etat d’Elue, Dieu ne nous a pas fait naître avec des papiers, On est là !

Pour en savoir plus : entretien avec Luc Decaster

Zeugma films, la production :

Zeugma films produit depuis 1996 des documentaires pour le cinéma et la télévision avec la même exigence : offrir de l’inattendu, de l’exceptionnel, de l’ambitieux.

Des films dont le spectateur sent que ça a été vital pour l’auteur-réalisateur de le mener à bien, que c’est une aventure où son âme même est mise en jeu. Des films qui laissent le spectateur libre de penser par lui-même. Ce ne sont pas les sujets qui déterminent notre politique de production puisque seule la manière de les traiter nous importe ; ce sont des rencontres uniques entre une matière, un auteur, une équipe et nous. Qui a tué Ali Ziri ? est le second film de Luc Decaster que nous produisont.

ZEUGMA FILMS depuis 2011 distribue également des documentaires. Le projet de ce nouvel engagement est de défendre un cinéma d’auteur, où la/le politique est au plus profond, où nous regardons le monde contemporain les yeux grand ouverts. Parfois émerveillés, souvent étonnés, surpris, dérangés, toujours incertains.

Pour en savoir plus : Zeugma films

Claire Atherton, la monteuse :

Claire Atherton est une monteuse particulièrement reconnue dans le monde du cinéma. Depuis plus de 20 ans, elle monte tous les films de Chantal Akerman, aussi bien les fictions que les documentaires. Qui a tué Ali Ziri ? est le quatrième film de Luc Decaster dont elle a réalisé le montage.

« Elle a souvent comparé le geste du montage à celui d’une sculpture. Loin d’utiliser les images et les sons pour les mettre au service d’un message, elle est à leur écoute et les façonne pour donner naissance au film. Claire Atherton place le questionnement, le mouvement au centre de son travail. Elle ne tient pas tant à répondre qu’à interroger pour que le cinéma reste vivant. Les montages de Claire Atherton sont des actes de promesses, images et sons grandissent entre ses mains. » (texte de présentation de Claire Atherton par la cinémathèque de Grenoble)

Pour en savoir plus : en montage avec Claire Atherton